Le choc a eu lieu à 500 mètres de la gare ferroviaire de Saint-Jean-de-Luz, vers 5 heures du matin. © Crédit photo : Bertrand Lapègue/“Sud Ouest” Par Carole Suhas, Emmanuelle Fère et Pierre Penin
Publié le 12/10/2021 à 8h27
Mis à jour le 12/10/2021 à 19h04 S’abonner Un terrible drame humain s’est déroulé vers 5 heures ce mardi. Un train en provenance d’Hendaye a percuté quatre hommes qui, possiblement, dormaient sur la voie. Le bilan est lourd : trois morts et un blessé grave
Un terrible accident s’est déroulé ce mardi matin, sur les coups de 5 heures, à 500 mètres de la gare ferroviaire de Saint-Jean-de-Luz, sur la commune de Ciboure. Un train en provenance d’Hendaye a percuté un petit groupe de personnes – « possiblement des migrants », selon le parquet de Bayonne. Sur le même sujet
Migrants décédés au Pays basque : l’émotion est vive, une riveraine témoigne Trois personnes sont décédées ce mardi matin, percutées par un train, à Ciboure. Sur place, l’émotion est vive. Témoignage d’une octogénaire, qui habite un immeuble près des rails
Le bilan humain est lourd : trois personnes sont décédées et une autre est grièvement blessée. Deux des victimes ont déjà été identifiées, indique le maire de Ciboure, Eneko Aldana. Il s’agit de deux Algériens, un âgé de 28 ans et un autre de 36 ans. « Ils étaient allongés sur le bas-côté ou sur la voie, ils ont vu le train arriver et ont essayé de s’échapper mais c’était trop tard », précise l’édile.
« Ils étaient allongés sur le bas-côté ou sur la voie, ils ont vu le train arriver et ont essayé de s’échapper mais c’était trop tard », précise le maire de Ciboure. Bertrand Lapègue / Sud Ouest
« Allongés » sur la voie
Un quatrième a été grièvement blessé et se trouve en urgence absolue. Cet homme âgé de 28 ans, selon ce qu’il a indiqué aux secours, a été gravement touché aux membres inférieurs et à l’abdomen et souffre d’une fracture du bassin. Pris en charge par une équipe du Samu sur place, il avait fait l’objet de premiers soins de la part des policiers, qui avaient stoppé l’hémorragie. Il a été transporté au centre hospitalier de Bayonne. Son pronostic vital est toujours engagé. Sur le même sujet
Le choc est accidentel, indique le parquet, mais une enquête de flagrance est toujours en cours, menée conjointement par les policiers du commissariat de Saint-Jean-de-Luz et la police judiciaire de Bayonne. L’identité de l’une des victimes reste encore à déterminer. En fin de matinée, la police judiciaire ainsi que la sécurité ferroviaire étaient toujours sur place.
Des drames qui se répètent
EH Bai a immédiatement réagi dans la matinée à cette « terrible nouvelle » qui « s’est répétée ces derniers mois ». Le 22 mai dernier, le corps de Yaya Karamoko, un Ivoirien de 28 ans, était retrouvé dans la Bidassoa, près de la rive espagnole. Deux mois et demi plus tard, une autre jeune migrant décédait dans le fleuve frontière. Le 8 août, Abdoulaye Koulibaly, Guinéen de 18 ans, mourrait lui aussi dans une tentative de traversée à la nage, pour éviter les contrôles policiers réguliers entre Irun et Hendaye. Enfin, le 18 avril, à Irun, un exilé érythréen s’était donné la mort.
Face à un « bilan humain qui ne cesse de s’alourdir », EH Bai veut « en terminer avec la répression persistante qui persécute sans cesse les migrants ».
La CGT Cheminots, qui a salué la réactivité des salariés intervenus dans les plus brefs délais, s’est aussi ému « que chaque jour, des femmes, des hommes, parfois des enfants, perdent la vie pour fuir les persécutions, les guerres, la famine, les régimes totalitaires ou les crises ».
Le groupe d’opposition municipal de Saint-Jean-de-Luz, Herri Berri, a tenu à exprimer « son horreur devant la mort de trois migrants ». Avant de rappeler qu’elle ne peut être perçue « sans être placée dans son contexte ». « Voici, s’il en était encore besoin, une nouvelle illustration de la situation de détresse extrême dans laquelle se trouvent aujourd’hui tant de populations. » Herri Berri a aussi une pensée pour les proches des victimes « qui vont apprendre la nouvelle dans les heures qui viennent, à celles et ceux qui – cheminots, pompiers, passagers, policiers – ont été confrontés à une scène d’horreur qui aurait dû pouvoir être évitée ».
Reprise du trafic
À 14 heures, la SNCF communiquait sur une reprise du trafic TER : « Le trafic reprend sur l’axe Bayonne-Hendaye, toutefois des retards sont à prévoir sur cet axe ». L’entreprise ferroviaire assure qu’il n’y a pas eu de blessés à bord du train. Les passagers, choqués, ont été pris en charge, ajoute-t-elle. Certains d’entre eux ont pu consulter la cellule d’aide psychologique de l’hôpital.
La CGT des Cheminots
· ACCIDENT FERROVIAIRE SAINT-JEAN-DE-LUZ-CIBOURECe 12 octobre peu avant 5 heures, 4 personnes ont été percutées par un TER à proximité de la gare de Saint-Jean-de-Luz – Ciboure.Trois d’entre elles sont décédées, la quatrième victime est dans un état grave.Ces quatre victimes seraient, selon les premières constatations, des réfugiés fuyant leur pays et tentant de rejoindre la gare dans un brouillard épais.À l’heure où la stigmatisation, la haine de l’autre, la division, le racisme et l’obscurantisme emplissent l’espace médiatique, ce drame nous rappelle que chaque jour, des femmes, des hommes, parfois des enfants, perdent la vie pour fuir les persécutions, les guerres, la famine, les régimes totalitaires, les crises politiques, économiques, sociales et climatiques.La Fédération salue les cheminotes et les cheminots qui sont intervenus dans les plus brefs délais sur les lieux de cette catastrophe afin de porter secours aux victimes. Cela honore une nouvelle fois notre corporation.